Le projet avait pour ambition de repenser en profondeur l’organisation spatiale de la maison et d’ouvrir radicalement les espaces du rez-de-chaussée. L’intervention a consisté à abattre un grand nombre de murs porteurs, afin d’instaurer une continuité et une fluidité entre les différentes fonctions, là où prévalaient autrefois des espaces cloisonnés. La façade arrière a été largement ouverte, presque entièrement vitrée, de manière à capter généreusement la lumière naturelle venant du sud et de l’ouest. L’espace intérieur s’en trouve transformé : baigné de lumière, il offre désormais une relation visuelle et physique beaucoup plus forte avec le jardin.
Une extension de 30 m² est venue compléter l’ensemble, redessinant le plan au sol en L. Ce geste architectural n’est pas uniquement fonctionnel : il encadre et contient l’espace extérieur, créant une terrasse intime et protégée des vis-à-vis. La volumétrie de l’extension, subtilement intégrée, articule la cuisine et accentue la relation entre l’intérieur et le paysage, dans un jeu de transparences et de cadrages qui renforce la sensation d’un habitat tourné vers son environnement.
La rénovation, lourde et exigeante, s’est inscrite dans un dialogue permanent avec les contraintes techniques d’une structure existante. La recherche de finesse et de précision a guidé l’ensemble du processus : pour obtenir une hauteur de baie vitrée maximale, les poutres de reprise ont été intégrées dans le plancher de l’étage, impliquant une ingénierie complexe. La gestion des hauteurs intérieures a également constitué un enjeu : il fallait intégrer un chauffage par le sol tout en insérant un faux plafond destiné à dissimuler le réseau de ventilation, sans compromettre la sensation d’espace. Chaque centimètre a compté, nécessitant une coordination étroite entre structure et techniques.
Le projet se distingue par un langage architectural épuré, renforcé par le soin accordé aux détails : plinthes invisibles, portes affleurantes, alignements rigoureux. La pureté des lignes crée des espaces lisibles, ordonnés, où les circulations sont claires et les perspectives affirmées. La grande porte pivotante, installée entre la cuisine et la salle à manger, illustre cette volonté de modularité : monumentale lorsqu’elle est fermée, elle disparaît totalement une fois ouverte, offrant une liberté d’usage et une flexibilité rare. La menuiserie intérieure, entièrement sur mesure, participe de cette cohérence en intégrant banquettes, rangements et mobiliers architecturés, qui font des murs autant de surfaces habitées.
À l’extérieur, le projet respecte l’authenticité de la maison tout en la réinterprétant. La toiture en chaume, entièrement restaurée, et les lucarnes préservées, conservent la mémoire des volumes d’origine. Les façades, isolées et enduites dans des teintes claires et chaleureuses, établissent un contraste subtil avec la densité des toitures. À l’intérieur, la matérialité a fait l’objet d’un travail sensible : le travertin, le béton ciré et le chêne fumé dialoguent avec la lumière, créant des atmosphères riches et contrastées. Les tons clairs des sols et des murs amplifient la luminosité, tandis que le bois sombre, utilisé par plans entiers dans la cuisine ou le hall, introduit profondeur et intensité, structurant la perception des volumes.
L’étage, contraint par la géométrie de la toiture, a été pensé comme un exercice de précision. Malgré la complexité des combles, l’espace a pu accueillir trois salles de bains, articulées de manière ingénieuse pour optimiser chaque recoin. Le dessin des espaces, la mise en valeur des hauteurs sous plafond disponibles et l’intégration discrète des techniques traduisent le même souci de cohérence que pour le rez-de-chaussée.
Ainsi, le projet conjugue rigueur technique et sensibilité architecturale. Il s’attache autant à la performance de l’espace qu’à la qualité des ambiances, à l’harmonie des proportions qu’à la subtilité des matériaux, révélant une architecture à la fois précise, fluide et habitée par la lumière.