loader image

la géométrie, la lumière et l’espace

La dimension physique de l’existence est régie par des lois géométriques. La perfection de ces lois géométriques est le secret de la durabilité, du maintien, du mouvement ou de l’expansion de l’univers. C’est par la perfection de sa géométrie que l’univers – du système solaire au corps humain, en passant par l’arbre et l’immense variété des expressions de la Nature –, est maintenu en équilibre, dans un état libre de tensions.

La géométrie et la lumière définissent l’espace. La lumière est vie. Elle fait entrer dans les maisons le mouvement des astres, les heures du jour et les saisons. Sans lumière, il n’y a pas d’espace.

L’espace a une grande influence sur l’individu, sur ses pensées, ses émotions, son attitude, ses paroles, sa vie. Cette influence est d’ordre physique (un espace conçu en négligeant certaines lois peut, par exemple, générer des tensions dans le corps humain) mais aussi – et peut-être surtout – d’ordre psychologique. L’esprit humain n’existe pas de manière indépendante. De multiples facteurs influencent sa condition ou, pourrait-on même dire, sa forme.

L’architecte doit prendre ces influences en considération. Une structure, aussi « anodine » semble-t-elle être, lorsqu’elle est conçue selon certains principes géométriques élémentaires (au sens de « fondamental » ou « essentiel »), produit un espace capable d’influencer favorablement l’esprit de l’homme. Ainsi, le travail des proportions, des formes, des rapports de hauteur-largeur-longueur, ou des alignements, produisent de nombreux effets positifs sur le ressenti des hommes qui habitent les lieux.

le cercle, le centre et la rencontre

De part son absence d’aspérité, le cercle a toujours été considéré comme un symbole de perfection. Symboliquement, il représente aussi – comme dans la légende arthurienne –, l’égalité entre les personnes. Le cercle délimite un espace parfait dont les limites sont toutes situées à une égale distance du centre. Le cercle embrasse, en son centre, le vide ou la lumière (comme dans le Panthéon à Rome). L’espace c’est le vide qui se trouve entre les choses. Ce vide, bien qu’il soit « indicible », n’est pas rien, car il peut comprendre toutes choses.

L’un des rôles essentiels d’un espace architectural est de favoriser l’interaction entre les gens et les idées. Un espace peut agir, de tel sorte qu’il stimule l’échange. Si un espace est suffisamment intime, calme, il permet aux hommes d’avoir une discussion. Habituellement, un couloir par exemple – ou un lieu de passage, d’une manière plus générale –, n’est pas un lieu qui invite à la discussion.

l’objet, l’expression et la matière

L’architecture traite essentiellement de la dimension spatiale, mais elle peut aussi être approchée comme l’étude d’un objet. L’objet, par sa matérialité, par sa structure, par son caractère, communique ; il exprime, il dit des choses. Ainsi, il définit l’espace, qui le définit à son tour. L’espace (ou le vide) et l’objet (ou le plein, la matière) sont deux aspects d’une même réalité. L’espace se manifeste avec l’objet, comme le silence est rendu audible par le son.

Les murs, les sols, les toits, ont une épaisseur, un poids, et des caractéristiques propres. Chaque matière, chaque élément de construction a son langage propre. Un mur en maçonnerie donne une impression de masse, de solidité, d’immobilité ; là où une paroi en bois ajouré donnera une sensation de légèreté ou de mouvement (grâce au jeu de la lumière). Chaque matière, chaque structure, génère une sensation particulière. Toutes ont leur vie propre, leur histoire à raconter.

la chaleur, le silence, et l’inspiration

L’espace existe avec ses impressions, ses atmosphères, ses ambiances. Il y a des lieux où l’on ressent quelque chose de différent. Qu’est ce qu’une chambre d’enfant ? Ou un hall ? Ou un bureau ? Qu’est ce qui « fait » l’espace ? Qu’est ce qui explique sa qualité, sa vie ? Est-ce sa hauteur, ses proportions, les matières utilisées, sa couleur, la quantité de lumière qui y pénètre ? Ou est-ce tout ça à la fois ? Le Corbusier répond : « lorsqu’une œuvre est à son maximum d’intensité, de proportion, de qualité d’exécution, de perfection (…), les lieux se mettent à rayonner, physiquement, ils rayonnent. »